Bonjour à tous,
Ma dernière illu uniformologique, tout comme ma dernière figurine 54mm, doit dater de 1976 ou 1977 ! Et il s’agissait bien sûr "d’oeuvres" d’adolescent…
Je n’ai pas réussi à me remettre au 54mm avec le vexillaire du Grand Défi. En revanche l’un de mes projets pour cette figurine est très vite devenu un dessin et puis une illustration. Ma première illu de type uniformologique de mon âge adulte. Il était donc temps !
La Legio IX Hispana. Entre histoire et légende…Mon long « scénario » oscille entre la légende et l’histoire, du moins toutes les données historiques connues à ce jour. Et cela ne m’étonne guère que cette légion ait tellement inspiré les auteurs de fiction, tant en littérature qu’au cinéma.
Mon illu s’inspire quant à elle clairement de la légende qui voudrait que la 9ème légion aurait été engloutie dans les forêts de Calédonie, l’Ecosse de l’ère romaine. Et par l’oeuvre des tribus pictes, elles aussi souvent représentées de manière peu historique. La Calédonie resta d’ailleurs toujours insoumise puisque vers 115 ap JC, l’empereur Hadrien décida de la construction du mur qui isola le nord insoumis du reste de la Brittania romaine. Selon la légende toujours, des survivants de la 9ème participèrent à la construction du mur.
La 9ème légion, qui était alors sur le déclin, était bien cantonnée sur la frontière avec la Calédonie vers 70 ap JC. C’est peu de temps après que Rome a effacé la 9ème des archives impériales. Il n’est pas impossible qu’une nouvelle défaite face aux calédoniens, et non un anéantissement total, en ait été la cause définitive. Ce qui est certain, depuis son arrivée sur l’île de Bretagne, c’est que la 9ème légion était sur le déclin. Vers 60 ap JC, plus de la moitié de ses effectifs avaient déjà été anéantis durant la rébellion de Boudicca, sur le territoire de l’Angleterre actuelle.
Ce n’est là qu’un concours de circonstances propre à la 9ème légion, mais c’est frappant de constater que ses malheurs commencèrent après que le cruel mais faible empereur Claude les fit participer à la conquête de l’île de Bretagne, dès 43 ap JC. Car aux yeux de l’ennemi, la neuvième légion y gagna très vite la triste réputation de maillon faible de l’armée romaine.
Précédemment, sous les deux plus grands « César », la 9ème légion était une légion exemplaire et redoutée. Levée par Jules César vers 58 av JC, au début de la guerre des Gaules où elle brilla, la neuvième légion resta ensuite fidèle à César dans la guerre civile qui l’opposa à Pompée et au Sénat. La 9ème est considérée comme un élément clé dans l’ascension de Jules César vers le pouvoir. Sous l’empereur Auguste, la neuvième légion se distingua dans toutes ses campagnes. Et surtout dans la première partie du règne d’Auguste, durant les guerres cantabres en Hispanie, entre 29 et 19 av JC. Ce qui lui valut bien sûr son nom de Legio IX Hispana.
Après le long et malencontreux épisode de Bretagne, et l’oubli dans laquelle Rome l’a fait sombrer, la 9ème légion n’aurait cependant pas du tout disparue. Puisque les historiens contemporains ont ensuite retrouvé la trace d’officiers et de détachements de la Legio IX. D’abord en Germanie, entre 85 et 120 ap JC. Et puis elle aurait effectivement été décimée. Mais en Judée vers 135 ap JC, ou dans l’Empire Parthe vers 160 ap JC.
Des thèses historiques antérieures parlaient plutôt d’une victoire sur les pictes en 83 ap JC ! Les officiers et légionnaires de la 9ème auraient ensuite été disséminés dans les autres légions. Cela pouvait correspondre avec le fait que les effectifs de la 9ème avaient fondus depuis l’arrivée sur l’île de Bretagne.
Toujours est-il qu’au 2ème siècle ap JC on ne retrouva ni mention de la 9ème légion sur les colonnes victorieuses, ni des monnaies frappées à l’emblème de la légion. La Legio IX fut prestigieuse sous les 2 grands « César » et faible sous les souvent douteux « César » qui suivirent. Ce n’est pas impossible, je pense, que les deux idées déplurent aux empereurs des nouvelles dynasties du 2ème siècle ap JC. Avec ses biographies des 12 César, Suétone, qui fut un temps le secrétaire de l’Empereur Hadrien, annonce déjà très bien le discrédit dans lequel on voulait aussi faire basculer la lignée des César après la mort de Domitien en 96 ap JC, le dernier empereur à porter le nom et le titre de César.
Les principales légions fidèles à Jules César auraient eues le taureau pour emblème. Même pour son emblème, il faut donc supposer que la Legio IX arborait le taureau. On ne saura peut-être jamais tout à propos de la disparition de la Legio IX Hispana.
Le dessin :L’esquisse ci-dessous est une interprétation assez libre de la photo de la artbox puisque j’ai modifié l’attitude du personnage et ajouté de la dynamique pour les besoins de ma « saynète »…
Le second dessin est le définitif sur papier aquarelle épais. J’y ai apporté les corrections de la tenue, notamment sur base de la photo d’Aemilius en tenue de vexillaire. Ainsi que les corrections du dessin.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’illustration en couleurs :Mon personnage est environ à l’échelle 1/11. La taille d’un petit buste.
J’ai utilisé de la peinture acrylique Ara extra-fine de Old Holland. Dans une utilisation qui se rapproche de celle de la gouache extra-fine, donc en fines couches opaques superposées. Mais contrairement à la gouache qui devient vite terne je trouve, l’acrylique permet d’aquareller de beaux glacis de nuances transparents et lumineux en fin de travail. C’est une technique proche de la peinture sur buste, d’autant que certains petits détails sont retravaillés avec de la Vallejo en flacons aussi !
C’est ma première peinture sur papier où j’ai utilisé en partie nos petits pinceaux de retouche en martre (0 et 1). Mais j’ai quand même principalement utilisé mes petites brosses plates, toujours légèrement surdimensionnées pour une peinture plus en touches et en « impressions » (ici un 2 et un 4mm). Je « casse » parfois volontairement des détails trop présents à mon sens.
Hauteur du personnage : 16 cm (1/11). Dimension de l’illustration : 33 x 25 cm. Papier aquarelle Clairefontaine Etival 300g à grain fin.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Acculé à une stèle picte, mon vexillaire semble déjà se faire engloutir dans la forêt calédonienne. Il a saisi son glaive (eh oui, c’est un gaucher…) et a jeté son scutum à terre pour pouvoir défendre avant tout le vexillum de la 9ème légion.
Malgré la légende, j’ai essayé d’améliorer certains détails historiques. La forme du vexillum, tout comme la peau de loup, est inspirée de la photo d’Aemilius en vexillaire. Je suis passé à côté de certaines choses, comme l’abréviation de « Hispana ». Le taureau est lui volontairement inspiré d’un beau taureau de pièce de monnaie de légion.
Les deux bracelets viennent aussi d’Aemilius. J’imagine que ce sont des protections réservées aux porteurs d’étendards ou d’aigles.
La stèle picte est plutôt symbolique. D’ailleurs ces pierres seraient souvent datées plutôt des 3èmes et 4ème siècles ap JC. Le serpent de mer, d’inspiration picte, tout comme le taureau, qui est en mauvaise posture, sont des interprétations très libres de ces pierres.
Et voilà. J'aurais pu faire mieux pour le dessin. Mais j'étais impatient de peindre. En revanche pour la peinture que j'ai mieux apprise plus récemment (avec mes bustes en fait), j'ai donné le maximum !