Cette plaquette (8 personnages) remonte à 1985. Elle est la dernière de cette époque en ce qui me concerne. Depuis un an, j'avais été élu Président de
l' Association des Amis d'Historex et de la Figurine Historique. Je n'avais plus le temps de produire: trop de boulot perso et au service de l' Asso.
Pour moi, c'est peut-être ma préférée sentimentalement. Parce que le sujet est rarement traité, parce que les personnages sont des petits, des humbles, des éloignés de la gloire (même les médecins dont on faisait si peu de cas et qu'on prenait pour la 7e roue de la charrette) et que dire des conducteurs du Train et des infirmiers...
Le Service de Santé de l'époque, qui comptait pourtant des sommités et de véritables gloires de la médecine et de la chirurgie de guerre dont s'inspirent encore parfois les urgentistes des ONG modernes, dénombrait aussi des incapables, des ignorants, des fainéants et des pleutres mais qui avaient assez d'argent pour, ayant sorti le mauvais numéro au tirage au sort de la conscription, s'acheter une planque hors des zones d'affrontements directs, le Service de Santé donc avait certes été réorganisé mais timidement, par rapport à la période révolutionnaire.
Je pense que Davin ne me démentira pas.
Le Service de Santé souffrait encore de la tare majeure, paralysante et funeste que constituait sa subordination hiérarchique à l'Intendance.
Dans l'organisation de l'Armée, l'Intendance, c'est bien connu et je ne vous apprendrai rien, était le gros point faible, pourrie qu'elle était par l'inertie mortelle des bureaux, la corruption à grande échelle et la prévarication contre lesquelles l'Empereur n'a jamais vraiment sévi. Il lui aurait pourtant été facile de faire passer par les armes quelques Commissaires des Guerres, quelques Inspecteurs aux Revues et autres Administrateurs peu scrupuleux qui s'enrichirent de façon éhontée alors que, dans ce qu'on appelait alors "hôpitaux", mouraient par milliers des blessés, des contagieux, des malades sur la paille pourrie, mal ou non soignés et sous-alimentés.
Quand on pense que le pain manqua plus d'une fois pour la troupe (façon de parler en général pour les privations en matière alimentaire de base), on se doute bien que le Service de Santé n'était pas prioritaire, que les convois et les escortes lui étaient mesurés plus que chichement, que le matériel, les locaux, le chauffage lui étaient distribués avec une parcimonie qui rime avec pénurie.
La subordination du Service de Santé à l'Intendance durera jusqu'en 1914. Et il est heureux qu'elle ait pris fin car, pour ce conflit si meurtrier dont notre pauvre pays ne s'est jamais vraiment relevé, la mortalité déjà pourtant trop élevée, aurait vraisembleblement doublé et peut-être plus, c'est dire...
Le dénuement extrême dans lequel se débattront médecins, infirmiers et aides ne cessera jamais de m'étonner, comme m'étonnera longtemps le courage simple, l'héroïsme ordinaire même des ces personnages humbles, effacés, ignorés, voire méprisés par le haut commandement parce que loin du regard impérial et pourtant pleins de cette abnégation qui fait mon admiration à la lecture de certains mémoires.
Je m'étonne aussi de la négligence impériale pour ce domaine crucial où s'engloutirent des effectifs fantastiques qui manqueront cruellement au jour de la bataille décisive...
Comme quoi les plus grands hommes et les plus grands esprits connaissent parfois des défaillances aux plus mauvais moments, défaillances que rien ne peut plus remonter pour renverser une situation que le sort rend inéluctable.
Quelques photos de qualité médiocre dont vous voudrez bien m'excuser.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous sommes en 1813, pendant la campagne d'Allemagne qui va connaître son point d'orgue - malheureusement fatal à Leipzig en octobre - , dans une salle d'auberge réquisitionnée par un chirurgien français qui a vraisemblablement en charge plusieurs régiments, à un échelon intermédiaire (alors que les règlements en prévoient un par unité combattante), une altercation violente a lieu entre ledit praticien débordé et noyé sous les contraintes administratives et un commis de l'Administration de l'Intendance. A droite du chirurgien se tient un collègue médecin. Des tringlots assistent à la scène: un sous-officier convoyeur, un conducteur d'attelages et un accompagnateur. Un sergent secrétaire et un infirmier complètent la scène.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C'est une petite plaquette (29 cm x 19 cm) à laquelle je ne vous avais pas habitués.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Toute la paperasse est faite maison, feuille par feuille.
L'éciture est un gribouillis fait à l'encre de Chine avec une sorte de tire-ligne à résefvoir de 2/10es de mm (matériel de dessinateur industriel).
Les sacoches porte-documents sont en pleine fleur de cuir véritable fait par bibi de même que les registres.
Toute la cheminée est bien entendu scratch. Le bois débité est naturel.
La "pétoire" sur le manteau est une arme de chasse, sorte de mousquet qui ne devait pas tuer grand chose car trop obsolète.
Ah! j'oubliais, la plume du sergent secrétaire est une barbule d'une plume d'oie naturelle, coupée et effilée: chiantissime à réaliser parce qu'il ne faut pas se louper. J'en ai raté des tas avant.
Salut à tous.
Gribeauval